David Millar est une des grandes références des dernières deux décennies dans le monde du cyclisme. Né en Écosse, il a vécu dans six pays différents avant d’atterrir dans la province de Gérone. Il cherchait un endroit avec un bon climat, avec un terrain idéal pour s’entrainer et proche des aéroports. Ses premiers choix furent le sud de la France et la Toscane, mais lorsqu’il découvrit la Costa Brava il décida non seulement d’en faire sa base, mais aussi de s’y installer définitivement. Il habite actuellement dans un village près de Banyoles, ses enfants y vont à l’école et il entreprend des nouveaux défis professionnels, tels que créer une marque de vêtements, le tout dans un endroit auquel il s’est parfaitement adapté. En tant que cycliste professionnel entre 1997 et 2014, David Millar gagna deux médailles d’argent aux championnats mondiaux de contre-la-montre de 2001 et de 2010, en plus de plusieurs étapes du Tour de France, du Giro d’Italie ou encore de la Vuelta en Espagne. Il figure parmi les plus grands, dans tous les sens.
Vous avez décidé de prendre votre retraite l’an dernier, après près de deux décennies de vie professionnelle. Comment vous sentez-vous?
Avant tout je me sens prêt. Il y a deux ans j’aurais continué jusqu’à mes 40 ans, mais la vie me surprit alors. Devenir père fut le facteur principal. Je me suis rendu compte que je voyageais tellement que je passais à côté d’une période de la vie de mon fils qui ne se revivrait jamais. Je suis assez âgé pour me rendre compte que mes meilleures années sont passées, je ne suis plus aussi égoïste que lorsque j’étais plus jeune, ma famille est devenue la chose la plus importante à présent, j’ai été assez chanceux pour pouvoir réaliser bon nombre de mes rêves, et encore plus chanceux d’avoir reconnu qu’il est temps de laisser filer cette partie de ma vie. Il est l’heure de me réinsérer au monde réel.
Comptez-vous rester en contact avec le monde du cyclisme?
Oui, même si loin de la scène des courses professionnelles. J’aimerais orienter tout ce que j’ai vécu et appris vers le plan du commerce. J’ai besoin de nouveaux défis et j’ai hâte de travailler avec de nouvelles personnes.
Que vous manque-t-il du quotidien d’un cycliste professionnel?
Des objectifs clairement définis. Paradoxalement, c’est aussi ce dont j’ai hâte de me débarrasser. TOUT est quantifiable lorsque tu es un cycliste professionnel des temps modernes – de nos jours, nous vivons étouffés dans des données, jusqu’au point d’en être arrivés à la création d’algorithmes qui permettent à nos entraineurs/équipes d’en savoir plus sur nous que nous-mêmes. Cela est bon jusqu’à un certain point. Et moi j’ai dépassé ce point.
Qu’est-ce le “David Millar Project”?
C’est un long métrage documentaire sur lequel je travaille depuis des années avec un réalisateur écossais, Finlay Pretsell. Finalement, nous avons commencé à filmer l’année passée. Nous espérons que, une fois terminé, il s’agisse du film de référence du cyclisme routier professionnel. Mais nous ne sommes pas du tout près de finir! Nous espérons faire un beau film sur un sport que nous aimons.
J’ai entendu dire que vous lancez une marque de vêtements.
En effet, c’est mon grand défi suivant. Je crois qu’il y a un grand vide dans le marché pour hommes en ce qui concerne la mode. Nous comptons commencer avec des vêtements de cyclisme puisque c’est ce que je connais. Cependant, la marque va transmettre quelque chose de plus grand que cela, il s’agit plutôt d’une idée. Tout deviendra plus clair dans le temps.
Quel type de vêtements est-ce que vous concevez?
Nous allons grandir de façon organique. Cela signifie commencer par le cyclisme, nos racines sont le cyclisme, après tout. Je veux pouvoir m’assoir dans un café en tant que cycliste, et ne pas avoir l’air d’un idiot. Voici notre premier pas. Nous sortirons progressivement du cyclisme. Franchement, je ne vois pas ce que nous ne pourrions pas réaliser.
Quel moment choisiriez-vous de votre carrière?
On me pose souvent cette question. À vrai dire, il y en a tellement que je trouve terriblement difficile d’en choisir un de concret. Honnêtement, et c’est un peu ennuyeux, je vois ma déjà ma carrière entière en tant que cycliste professionnel comme un seul moment. Un très grand moment. Cela me semble déjà un rêve, parfois un cauchemar…
Comment un cycliste professionnel comme vous arrive-t-il du Royaume-Uni à Gérone?
J’avais besoin d’une base d’entrainement avec un bon climat, un terrain idéal et des aéroports proches, et de préférence d’autres cyclistes professionnels avec qui m’entrainer. J’avais déjà vécu presque dix ans dans le sud de la France, et je voulais du changement. Je croyais que le lieu gagnant était la Toscane. Mon épouse, Nicole, n’aimait pas la Toscane. Elle aimait Gérone, c’est aussi simple que cela.
Connaissiez-vous la Costa Brava ou Gérone avant votre arrivée?
Étrangement, non. J’avais passé beaucoup de temps à travailler (entrainements/ courses) en Espagne mais pour une ou autre raison jamais en Catalogne. Pour cela, lorsque mon épouse et moi sommes arrivés à Gérone pour la découvrir c’était notre première fois.
Quelle fut votre première impression de notre pays?
Nous avons trouvé si magnifique la ville de Gérone et ses alentours ! Nous ne comprenions pas pourquoi nous connaissions si peu sur la zone. Nous avons eu l’impression d’avoir découvert un trésor caché. Il n’était plus question de vivre en Toscane, la Costa Brava portait nos noms inscrits sur elle.
Est-ce que votre point de vue a changé au cours des années?
Pas du tout, le temps n’a fait que renforcer nos impressions initiales. Nous vivons à présent dans la campagne, près de Banyoles, et nous sommes fiers du fait que nos garçons fréquentent les écoles locales à Cornella del Terri. C’est la géographie qui nous a fait venir, mais ce sont les personnes qui nous ont fait rester.
Pourquoi avez-vous décidé de vivre ici définitivement?
Nous ne pouvions pas imaginer un lieu où vivre plus à l’aise. Mon épouse et moi sommes deux personnes nées et grandies “expats”. J’ai vécu dans six pays différents, mon épouse dans quatre. Nous avons donc une appréciation raisonnable de la chance que nous avons de vivre ici.
Quel est votre lieu préféré de la Costa Brava?
Nous aimons où nous sommes, le Pla de l’Estany. C’est pour cela que nous y habitons.
Aimez-vous notre gastronomie? Quel est votre plat préféré?
N’importe quel repas de chez Can Boix. C’est mon restaurant préféré, peu importe ce qu’ils me servent. Je serai toujours content d’y être. C’est un second chez-soi.
Quelle est la raison qui attire les cyclistes professionnels vers la Costa Brava et Gérone?
Tout d’abord, l’équation climat/géographie/terrain/aéroports/routes. Un cycliste danois nommé Johnny Weltz fut le premier à venir ici. Il dit à Lance Armstrong/George Hincapie et autres de venir ici vers la fin des années 1990. D’autres suivirent. Le point culminant arriva il y a quatre ans. Les cyclistes professionnels viennent à présent ici simplement parce que c’est où tous les cyclistes professionnels vont; les origines sont un peu perdues.